Memory Drift (eye) 13

Memory Drift (eye) 13

Nicolas Dhervillers
284,36 €
TTC

Memory Drift (eye) 13, 2015
Encre de Chine sur lentille en verre 
4 cm environ 
Œuvre unique

Certificat d'authenticité

 

« À fleur de paume » propose une relecture actuelle de la miniature dans le champ des arts visuels. Des œuvres de petit format représentant portraits, fragments de corps, d’objets ou de paysages sont réunies dans un accrochage, évoquant par endroits le cabinet de curiosités, pour mieux interroger ces figures chéries, porteuses de mémoire(s), d’extraordinaire et de dérisoire, que l’on tient au creux de la main, que l’on garde dans un coin de la tête, au fond d’un tiroir ou d’une poche.

Des amulettes conservant une part de magie protectrice depuis les temps illustres de l’Égypte ancienne aux lettres ornées déployées avec délicatesse à l’amorce des chapitres des ouvrages médiévaux, des curiosités exposées en guise de singulières merveilles dans les alcôves et étagères des Wunderkammer à partir du xvie siècle aux « objets de vertu » dont l’orfèvrerie raffinée trouve son apogée au xviiie, des natures mortes aux tableautins souvent considérés mineurs dans les classements académiques d’autrefois : les créateur·rice·s de toute époque, anonymes, artisan·e·s ou artistes, ont façonné des artefacts et des images capables de contenir le monde, ses forces obscures ou syncrétiques, dans un espace réduit et mouvant. En marge des représentations grandiloquentes, ces œuvres s’observent dans un rapport intime et familier. Il ne s’agit pas pour autant de se tenir à l’écart des beautés comme des tumultes, mais de préserver une distance propice au dialogue et à la réflexion plutôt qu’à l’enivrement.

Au gré de l’écoulement des flux globalisés, dont la densité et la vitesse ne cessent de croître depuis l’éclosion de la modernité, les choses – auparavant singulières – deviennent produits de consommation et de communication de masse. L’expansion des réseaux médiatiques actuels achève de défaire l’illusionnisme de l’unicité des images, tant elles demeurent à présent prises dans un magma de pixels, dégoulinant dans un continuum permanent sous l’action effrénée de nos pouces caressant les écrans.

S’exprimer aujourd’hui à travers un format condensé déploie plusieurs résonnances. Peut-être s’agit-il de joindre l’action de la main à celle de l’œil afin de réveiller des sensations haptiques. Peut-être est-ce un écho à la dimension même des vignettes que l’on charrie et balaye sur nos smartphones. Peut-être est-ce une manière de s’éloigner de l’éblouissement du spectaculaire afin d’explorer ce qui gravite dans ses marges. Peut-être est-ce s’extraire du foyer incandescent pour faire danser nos regards et nos imaginaires sur des cendres volatiles. Peut-être est-ce faire aveux d’humilité face aux tremblements qui déstabilisent la planète. Peut-être est-ce cristalliser une forme et marquer un moment de suspension dans la course du temps.

L’exposition « À fleur de paume », sans chercher de réponse ou d’affirmation, écrit une phrase poétique dans l’espace proposant de multiples points d’entrée. Cette dernière, ouverte, suggère une ligne temporelle conviant à une traversée circulaire qui nous fait ricocher sur un archipel de formes, de figures et d’objets. La curiosité s’aiguise lorsque, au milieu du parcours, l’accrochage rejoue le cabinet de curiosités. Ce dernier colore l’ensemble d’une dimension domestique que l’on retrouve dans une galerie de portraits qui, au fond, nous interpellent par leur étrange familiarité. Petits formats et miniatures, tableaux, objets et sculptures engagent à une caresse de l’œil et incitent à adopter une approche sensible, voire intime. Chaque œuvre invite à plonger dans des micro-récits qui, hors des canons de l’histoire, nous permettent de décentrer nos regards et de nous engouffrer dans l’entrelacement des mémoires individuelles et collectives. L’exposition trouve enfin une résonnance dans la littérature d’Orhan Pamuk, et plus particulièrement dans son roman Le Musée de l’innocence. Dans ce dernier le protagoniste principal, Kemal, finit par constituer un musée à partir des objets qu’il a subtilisés dans la maison familiale de la femme qu’il a perdue. Les menus trésors éclectiques qu’il rassemble dressent en creux un portrait de leur relation passée, mais aussi celui d’une tranche d’histoire, celle d’Istanbul, où le couple a vécu. En écho à ce récit, les œuvres ici réunies apparaissent comme autant de fragments d’histoires dont il reste à tirer les fils du bout des doigts."

Thomas Fort, mai 2024

Type d'œuvre
objet
Dimensions
4 cm
Encadrement
Non
Année
2015
Authenticité
Certificat
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