Yves Klein et sa sculpture "Piège bleu pour lignes" (S 14) lors de l’exposition "Yves Klein Monochrome und Feuer", 1961 Museum Haus Lange, Krefeld, Allemagne © Photo : Tous droits réservés © Œuvre : Succession Yves Klein c/o ADAGP Paris

Artiste aussi visionnaire et singulier que son aîné Marcel Duchamp, Yves Klein ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de l’art en célébrant l’énergie contenue dans les corps, manifestant à travers ses œuvres ce qu’il appellera des « zones de sensibilité ». L’art est avant tout pour lui un lieu d’expérimentations sensorielles. Disparu prématurément à l’âge de 34 ans, il laisse une œuvre dont la puissance esthétique a été revisitée récemment par les Bassins des Lumières, sous la forme de dispositifs plongeant les visiteurs dans des environnements bleus et or, des couleurs faisant référence aux icônes et aux tableaux du quattrocento italien que l’artiste admirait pour leur beauté intemporelle empreinte de spiritualité. 

Un art de l’empreinte

Présentation des "Anthropométries de l’Époque Bleue" à la Galerie Internationale d'Art Contemporain, 9 mars 1960 Galerie Internationale d’art contemporain, Paris, France © Photo : Tous droits réservés © Œuvre : Succession Yves Klein c/o ADAGP, Paris

L’énergie étant impossible à représenter par les moyens traditionnels de l’art, Yves Klein compose un langage artistique inédit qui la manifeste directement, en enregistre les traces et l’empreinte dans la matière. Cette technique de transfert par impression culmine dans un projet artistique parmi les plus spectaculaires de l’art des années 1960, les Anthropométries.

Devant un public convié pour l’occasion, des femmes-pinceaux pressent et roulent leurs corps nus enduits de peinture bleue sur une toile blanche fixée aux murs et au sol, portées par la musique d’un orchestre symphonique. L’ensemble de ces interactions est orchestré par Yves Klein. L’aura de ces grandes empreintes bleues laissées par les corps en mouvement rappelle la fascination de l’artiste pour l’art pariétal et l’origine, naturelle et humaine, de toute création de forme sensible. 

Le bleu d'Yves Klein, véhicule d’infini

Yves Klein sur le pont de "La Marseillaise" lors de son voyage vers le Japon, 1952 Paquebot "La Marseillaise" © Photo : Tous droits réservés

Fils de peintres, imprégné d’art dès l’enfance, Yves Klein en associe la pratique à une quête qui mêle la sensibilité à la spiritualité. Dans sa jeunesse, baigné dans un univers artistique, l’étude du judo le conduit jusqu’au Japon. La puissance picturale de la couleur et de son pouvoir émotionnel le fait s’intéresser au bleu outremer qui deviendra sa couleur, une signature artistique qu’il affirmera par la création, en 1960, de l’International Klein Blue (IKB), un pigment bleu associé à un liant spécifique pour produire une matière enveloppante et chromatiquement dense d’allure poreuse et volatile.

Yves Klein devant l'œuvre "Grande Anthropophagie bleue, Hommage à Tennessee Williams" (ANT 76) à la Galerie Rive Droite, octobre-novembre 1960 Galerie Rive Droite, Paris, France © Photo : Pierre Descargues © Œuvre : Succession Yves Klein c/o ADAGP, Paris

Réminiscence du ciel de son enfance passée à Nice, le bleu convoque chez Klein une étendue ouverte, infinie dont il recouvre des toiles et imprègne des éponges naturelles montées sur des tiges en métal. En 1961, lors d’une exposition au Museum Haus Lauge de Krefeld en Allemagne, il forme avec plusieurs d’entre elles une forêt cosmique. Présenté sur un fond monochrome, l’ensemble enveloppe le visiteur dans un environnement bleu que Klein souhaite propice à l’expérience sensorielle et intérieure d’une infinité, d’un monde sans dimensions. 

Peintures de feu

La même année, avec le concours du centre d’essai de Gaz de France de la Plaine Saint-Denis, l’artiste manie un nouveau type de pinceau vivant, le chalumeau et ses flammes puissantes atteignant trois à quatre mètres de hauteur. Peintre de l’immatériel, Klein enregistre leur action sur un support cartonné chimiquement traité pour résister à la chaleur, il anime ces grands panneaux cartonnés de floraisons solaires et de nuages de feu, de nébuleuses et de foudres célestes, en un maniement toujours plus virtuose de la flamme et des possibilités qu’elle ouvre, faisant varier l’intensité de la combustion, parfois douce et caressante, ou plus intense et destructrice.

Certaines Peintures de feu réintègrent également la technique des Anthropométries, le corps du modèle n’étant cette fois-ci pas utilisé pour peindre mais pour humecter d’eau les surfaces des cartons et marquer ses formes en négatif. Feu-couleur 1, une pièce monumentale réalisée sur ce principe faisant voir deux corps en mouvement, a été vendu par Christie’s à 30 millions de dollars en 2012. 

Collectionner Yves Klein

Yves Klein (d'après), Helena (ANT 61), 2004, © Photo : Nicolas Brasseur

Yves Klein (d'après), Note sur l'I.K.B., 202, © Photo : Nicolas Brasseur

L’esthétique de l’empreinte caractérise l’œuvre de Klein. L’action des matières les unes sur les autres, leur métamorphose par contact et par imprégnation sont au cœur de son art qui préfigure celui de la performance et de la danse contemporaine. Ses œuvres rencontrent aujourd’hui un nouveau public à travers de vastes expositions dans le monde entier (Londres, Bâle, Milan, New York, San Francisco) et en étant proposées, pour quelques-unes, sous la forme d’éditions limitées (estampes) réalisées par Dilecta et certifiées par les Archives Yves Klein, l’estate d’Yves Klein créé par sa veuve, l’artiste Rotraut Klein, et son second mari, Daniel Moquay.

Mariage d'Yves Klein et de Rotraut Uecker, 1962 Mairie du 14e arrondissement, Paris, France © Photo : Tous droits réservés

Fondée en partie sur une délégation du geste artistique, l’œuvre de Klein se prête, il est vrai, particulièrement à la réalisation de multiples. Ces éditions constituent aujourd’hui une opportunité unique d’acquérir une œuvre autrement inaccessible par sa rareté. Une série inédite d’estampes réalisée depuis les Peintures de feu est ainsi à découvrir chez Dilecta, partenaire privilégié des Archives Yves Klein

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Yves Klein pêchant un requin, 1961 Côtes de Malibu, Californie, États-Unis, Los Angeles, États-Unis © Photo : Tous droits réservés