Alicia Paz, Juntas, 2021. © Alicia Paz.

Les peintures, sculptures et installations d’Alicia Paz sont les supports d’une pensée rhizomatique dont le vortex est nourri de son expérience personnelle. Elle est née et a grandi au Mexique, avant de vivre aux États-Unis, en France et aujourd’hui au Royaume-Uni. Il n’est donc pas étonnant que l’artiste explore les notions de déplacements, de territoires, de généalogies, d’identités, de cultures, d’esthétiques, de métissages et de représentations. Ces questions s’ouvrent et se déploient au sein d’oeuvres pensées comme les fragments d’une pensée plastique et critique en perpétuel mouvement. 

À partir d’aires culturelles plurielles, Alicia Paz puise aussi bien ses références dans le domaine des arts décoratifs (tapisserie, papier peint, assiettes de Delft, azulejos, joaillerie…), que dans les livres d’histoires, les dessins botaniques ou encore les cartes géographiques et maritimes. Elle peint sur toile des portraits de femmes. Qui sont-elles ? Des femmes qui comptent pour Alicia Paz. Des femmes qu’elle admire, qui l’ont soutenu, qui l’inspirent ou qui la bouleversent. Elles sont ses amies, des membres de sa famille, des femmes anonymes et des femmes célèbres (femmes politiques, scientifiques, poétesses, autrices, théoriciennes, militantes, chanteuses, artistes…). D’un portrait vers un autre apparaissent Nina Simone, Sor Juana Inés de la Cruz, Virginia Woolf, Marie Curie, Sonia Delaunay, Elvia Carrillo Puerto, Rosa Luxemburg, Angela Davis, Ana Mendieta, Billie Holiday, Olympe de Gouges, Phillis Wheatley, Rosario Castellanos, Mary Shelley, Anna Julia Cooper, Esperanza Brito, Audre Lorde et bien d’autres. Alicia Paz réunit des femmes issues d’époques, de cultures, de classes et de géographies différentes. Ensemble (juntas) elles sont les actrices de leur propre histoire (herstory). Au sein d’une pensée plastique organique et située, Alicia Paz rassemble les géographies, les temporalités, les expériences et les luttes des protagonistes représentées. Loin d’une éternelle représentation patriarcale où les femmes sont envisagées comme des objets, sensuels, silencieux et dociles, ici, les femmes s’expriment activement et revendiquent une histoire partagée. 

Les œuvres, issues de différentes séries, sont séduisantes et font appel à un imaginaire collectif. Si elles sont le résultat d’intentions plastiques fortes, elles portent également un projet politique affirmé : celui de visibiliser une histoire transculturelle, collective et intime des femmes. Il s’agit alors de mettre des visages, des noms, des parcours, des discours aux multiples chapitres d’une histoire qui souffre d’amnésie.

Alicia Paz, Mabel Peacock, 2021. © Alicia Paz.

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